La pratique épanouie du chant est un outil de connaissance de soi, d’harmonisation et d’incarnation avant même d’être un outil de communication et d’expression. Comme l’usage du Bola, elle renforce le lien affectif entre la maman et son bébé au cours de la grossesse et après la naissance. Mais ce n’est pas tout : elle facilite aussi l’étape redoutée de l’accouchement. ILADO a rencontré Corinne Pépin, musicienne, spécialiste de la petite enfance et formatrice en Chant Prénatal à Paris.
Qu’est-ce qui vous a amenée vers le chant prénatal ?
Je suis musicienne de formation. J’ai commencé par animer des ateliers d’éveil musical pour les jeunes enfants dans les crèches, maternelles et écoles primaires. En parallèle, j’intervenais en pédiatrie auprès des enfants malades et en néonatalogie auprès des nouveau-nés. En voyant tous ces petits réagir aussi positivement au chant et à la musique, je me suis interrogée sur ce qu’il était possible de faire avec les femmes enceintes. J’ai appris qu’il était nécessaire de m’intéresser à la psychophonie pour pouvoir travailler avec un tel public, car le chant prénatal est précisément lié à cette discipline.
Qu’est-ce que la psychophonie ?
La psychophonie est une démarche auto-expérimentale qui consiste, à l’aide de la voix parlée et chantée, à faire entrer en harmonie le corps et l’esprit, à aligner l’être, le son, le rythme et le verbe. Cette démarche a été mise en place dans les années 1960 par une cantatrice et musicienne, Marie-Louise Aucher. Elle vise à développer une conscience des liens entre corps, souffle, voix et émotions. Le corps et l’esprit sont d’abord détendus avec un travail de posture, d’ancrage et de respiration pour devenir réceptifs aux sons et aux résonnances internes. La voix trouve alors son axe et sa justesse : des vocalises psychophoniques, interprétations de textes poétiques, contes et chants peuvent être mis en œuvre pour parfaire cet équilibre et favoriser le bien-être des pratiquants de la méthode.
Comment avez-vous travaillé avec Marie-Louise Aucher ?
Je n’ai pas travaillé directement avec elle mais avec une sage-femme, Chantal Verdière, qui a longtemps côtoyé Marie-Louise Aucher. Ensemble, elles ont étudié toutes les corrélations possibles entre la psychophonie, le chant prénatal et le lien affectif mère-enfant, pendant la grossesse, au moment de l’accouchement et après. Chantal Verdière a ensuite créé l’Ecole internationale de chant prénatal / psychophonie. Peu de temps avant son départ à la retraite, elle m’a formée pour reprendre la direction de l’établissement et former à mon tour d’autres animatrices en chant prénatal.
Pouvez-vous nous parler davantage du chant prénatal ?
De nombreuses traditions reposent sur le chant et la musique, notamment en Afrique et chez les tsiganes, où on chante tous les jours pour l’enfant qui va venir au monde. Le chant prénatal ne consiste pas à parler ou chanter au hasard. Il s’agit vraiment de prendre conscience de son corps, de sa respiration et des vibrations de sa voix lors de la grossesse pour pouvoir ensuite réutiliser cet apprentissage au moment de l’accouchement. Chaque femme est différente, chaque accouchement a sa spécificité. Le chant prénatal propose des outils parmi lesquels les femmes sont libres de piocher au moment de leur accouchement pour se décontracter, respirer, trouver la bonne posture, favoriser le bon placement du bébé et prolonger le lien psycho-affectif qu’elles ont commencé à développer avec leur enfant au cours de la grossesse. Toutes les femmes qui ont utilisé des sons graves pendant l’accouchement témoignent par exemple du fait que cela les a beaucoup aidées.
Comment le chant prénatal agit-il sur l’enfant ?
Il n’existe pas d’études officielles sur les effets du chant prénatal, mais la discipline s’inscrit dans la continuité de certains résultats de recherche. Il est notamment prouvé que le bébé est capable de reconnaitre in utero sa langue maternelle et la voix de sa mère, qui résonne à travers son corps et ses organes comme aucun autre son en provenance de l’environnement extérieur. Lorsque la maman chante pour son enfant, et même si les sons ne sont pas verbalisés, elle se détend et tisse un lien fort avec le bébé, qui se sent rassuré et attendu. Après la naissance, le nouveau-né est capable de se souvenir et de reconnaître les sons qu’il a entendus de manière répétée au cours de son développement. De nombreuses études font état de cette mémoire auditive, qui peut être utilisée par la maman après l’accouchement pour apporter calme et sérénité à son petit dans les moments d’agitation et de stress qui accompagnent ses premiers pas dans la vie.
Que pensez-vous du Bola pour renforcer le lien entre la mère et le bébé ?
Je n’avais jamais entendu parler du Bola de grossesse avant aujourd’hui. Je m’interroge sur la portée du son émis, sa fréquence et son intensité. Il pourrait être intéressant d’étudier le Bola sur l’échelle de réceptivité des sons établie par Marie-Louise Aucher. Selon la fréquence qu’il émet, il pourrait faire vibrer d’autres zones corporelles. En effet, en écho à la médecine traditionnelle chinoise et l’acupuncture, Marie-Louise Aucher a déterminé que chaque note a un impact sur un endroit particulier du corps. Les notes les plus graves entrent par exemple en résonance dans le bas du corps. C’est pour cette raison que certains sons graves sont proposés aux femmes pendant leur accouchement : ils vibrent à l’endroit du périnée et du sacrum, favorisant la détente de ces régions du corps particulièrement sollicitées. Par l’utilisation que les mères semblent faire du Bola et l’attention porté vers ce petit à naître, cet objet contribue probablement à renforcer le lien prénatal mère-enfant.
Pour en savoir plus sur le chant prénatal, rendez-vous sur le site de l’Ecole internationale de chant prénatal / psychophonie et celui de l’Institut de formation et de recherche européen en psychophonie Marie-Louise Aucher.